La culture d’entreprise

 

Les invités

Animation par Eve Chegaray (BFM Business), avec :

  • Frédéric Duponchel (Fondateur et Managing Partner – Accuracy)
  • Jérémy Clédat (Fondateur – Jukebox / Welcome to the jungle)

 

Les idées fortes

 

La culture d’entreprise au cœur du recrutement

Les entreprises ont de plus en plus de mal à diffuser leurs offres d’emplois, dans la multitude d’annonces qui circulent. De plus, les algorithmes les plus sophistiqués sont impuissants à proposer la bonne offre au bon candidat, car ce matching repose pour beaucoup sur la culture de l’entreprise – irréductible à l’offre elle-même.

C’est donc cette dimension que Welcome to the Jungle cherche à mettre en avant, en devenant le premier « média du recrutement ». Jérémy Clédat considère que « l’avantage compétitif entre les entreprises réside aujourd’hui dans la culture qu’elles initient, dans les actions qu’elles mettent en place, pour fédérer leurs collaborateurs au-delà de la rémunération ». Il met en garde contre la segmentation entre grands groupes et startups, expliquant qu’au sein d’une même entreprise (quelle que soit sa taille) peuvent cohabiter plusieurs environnements différents et qu’il revient au candidat de chercher l’équipe qui lui correspond. L’environnement de travail est essentiel à l’épanouissement des collaborateurs. Jérémy Clédat et Frédéric Duponchel soulignent d’ailleurs tous les deux que la séparation vie professionnelle-vie personnelle ne tient plus, surtout à notre époque.

La culture d’entreprise est néanmoins malmenée par un marché du travail tendu : les candidats valorisent d’abord des critères tels que la rémunération ou la réputation de l’entreprise, alors qu’ils devraient s’intéresser davantage à la qualité de l’environnement de travail, à la composition des équipes.

Tout entrepreneur doit donc veiller à préserver la culture de son entreprise, notamment lors des recrutements. La relation humaine doit primer sur les compétences, qui sont affaire d’apprentissage. Lorsqu’une complication humaine se fait sentir, il est déjà trop tard : le chef d’entreprise doit tout faire pour préserver la qualité de l’environnement de travail. Certaines fois, une personne suffit à « pourrir » toute l’ambiance d’une entreprise.

Jérémy Clédat rappelle d’ailleurs que 2% des employés quittent leur entreprise à l’issue de leur premier jour et que 30% des départs ont lieu la première année. Pour y remédier, Jérémy Clédat et Frédéric Duponchel rappellent l’importance des étapes suivantes :

  • Un on-boarding de qualité
  • Une période d’essai prise pour ce qu’elle doit être (validation mutuelle entre l’entreprise et son collaborateur)
  • Des entretiens réguliers, qui prennent en compte la compétence autant que le savoir-être

 

Le rôle du dirigeant

Le rôle du chef d’entreprise est d’abord de « faire don de son temps » à ses collaborateurs. Jérémy Clédat et Frédéric Duponchel s’accordent à considérer que le management des équipes et la réflexion autour de la culture d’entreprise représentent 30% de leur agenda. Car créer une culture d’entreprise n’est pas (seulement) affaire de « gadgets » : événements teambuilding, Comité d’Entreprise, proposition de cours pour les employés. Elle repose sur un travail de fond du dirigeant pour écouter ses équipes et les motiver. C’est le « People First » que défend Frédéric Duponchel chez Accuracy.

Le rôle du chef d’entreprise est ensuite de définir et d’incarner les valeurs de l’entreprise. Il doit veiller à les confronter à la réalité du terrain et à en vérifier la cohérence – clef de leur succès. Cette co-construction a conduit Frédéric Duponchel à laisser continuellement ouverte la porte de son bureau. Tous ses collaborateurs sont invités à le rencontrer directement – ceux qui n’osent pas se rattrapent au cours de petits déjeuners organisés en petit effectif.

Le rôle du chef d’entreprise est enfin celui de l’exemplarité. Exemplarité dans les situations compliquées : lors de la crise de 2008, les associés d’Accuracy ont accepté de réduire fortement leur rémunération, permettant de recruter pour tenir les objectifs long terme de l’entreprise. Exemplarité dans le management : en Espagne, les deux associés d’Accuracy ont été congédiés, après que leurs équipes ont fait état de leur mode d’encadrement fondé sur la pression et la peur.

En un mot, le rôle du dirigeant est de développer le « patriotisme d’entreprise ».