Interview de NICOLAS BONNEL, Membre Réseau Entreprendre® Nord
et Associé à MBA CAPITAL

 

La crise de la Covid-19 affecte la santé matérielle et financière de nombreuses entreprises. Au-delà des plans de continuité d’activité, les organisations doivent être plus résilientes pour se préparer au monde qui vient.

Quelle incidence le premier confinement aura-t-elle eu sur les transactions portant sur les TPE/PME ?

Forte baisse de volumes de transactions. Le premier confinement a fortement fait chuter le nombre de transaction de PME sur le deuxième trimestre de 2020. L’Index Argos relève une baisse de 40% en volume et de 60% en valeur par comparaison aux deux trimestres antérieurs. Pour le marché des PME-TPE, la chute des transactions était quasi-totale, puisqu’il n’y avait plus de moyen de se réunir et que les solutions de télétravail n’étaient pas encore en place dans toutes les organisations.

Climat d’incertitude jusqu’à l’arrivée du vaccin. Le deuxième confinement de novembre 2020 va limiter l’ampleur du rebond en « aile d’oiseau » tant attendu. De plus, certains secteurs lourdement impactés par la première vague (tourisme, évènementiel, hôtellerie, restauration, aéronautique …) subissent de plein fouet ce deuxième confinement. Heureusement le Gouvernement a très vite réagi en étendant les aides PGE, reports de charges sociales … jusque fin Juin 2021. Il reste aux secteurs directement impactés à tenir, pour ensuite devoir rembourser les dettes PGE souscrites.

Certains secteurs résistent plutôt bien, comme le BTP qui a retrouvé le niveau d’activité d’avant crise (première vague), et d’autres secteurs (mois nombreux) se trouvent accélérés par le confinement, tels que le e-commerce, les livraisons à domicile et l’industrie alimentaire bien implantée sur le web et la GMS, portée par leur stratégie multicanale.

Quel est l’impact de la crise sur la valeur de transaction des entreprises ? Comment évaluer la résilience d’une entreprise ?

Maintien des valorisations en multiple avec une adaptation des structures de deal. A la grande différence de la dernière crise de 2008-2009, les liquidités sont abondantes sur le marché, tant en fonds propres qu’en dette LBO, avec le soutien toujours très actif de Bpifrance en caution ou co-financement. L’abondance des liquidités permet d’assurer la résilience des transactions de TPE/PME, tant en volume qu’en valeur. Les multiples de valorisation se maintiennent globalement, avec un léger infléchissement de -10% à -15% d’après Argos. Cependant la rentabilité d’exploitation (EBE) se tasse et la perspective du current trading 2020-2021 reste incertaine. Dans ce contexte, la mise en œuvre de compléments de prix et le maintien des cédants à une part minoritaire du capital sont des solutions couramment employées pour mieux couvrir les risques de transmission d’une PME-TPE et boucler les financements.

Comment les financeurs réagissent-ils ?

Les financeurs restent très présents. Les fonds d’investissement et les banques restent très actifs dans le financement des transmissions de TPE/PME. Une dimension entrepreneuriale des financeurs-investisseurs se développe de plus en plus. Le Réseau Entreprendre® Nord est un allié utile et pertinent pour les repreneurs personnes physiques et les TPE/PME qui intègrent son programme Boost.

Cette crise est-elle une opportunité pour des investisseurs ?

Certaines entreprises bien structurées et positionnées sur les bons segments de marché peuvent mettre à profit ces périodes de crise pour acquérir à bon prix des cibles stratégiques. Nombre de paradigmes volent en éclat avec la COVID et les entreprises mettent en œuvre des repositionnements stratégiques : cession de branche d’activité, acquisition ciblée dans la tech pour accélérer la digitalisation du groupe.

As-tu des conseils à donner pour aborder un projet de reprise ?

L’analyse stratégique du secteur d’activité dans lequel opère la cible est encore plus importante qu’avant la crise Covid. Le repreneur doit se projeter à long terme avec les dernières tendances observées sur le marché. Car en effet, ce qui était vrai avant la crise COVID ne le sera pas nécessairement après.