Nina Lausecker, vous avez cofondé Lökki Kombucha et vous vous décrivez comme des « brasseurs passionnés de kombucha, kéfir et autres joyeusetés fermentées ». En quoi consiste votre activité ?

Nous fabriquons des boissons vivantes, bio et équitables dans notre atelier du Sud-Est de la France. Le kombucha, kéfir des fruits et ginger beer sont les ancêtres de nos sodas industriels. Ils sont aussi une bonne alternative à l’alcool (apéro coloré et pétillant garanti). Nous fermentons tout ce petit monde pendant plusieurs jours puis le mettons en bouteille pour le commercialiser dans les magasins bio spécialisés sous la marque Lökki.

Vous êtes Société à mission depuis 2021, très engagée sur l’impact. Pourquoi avoir fait ce choix ? Comment se traduit-il concrètement dans l’activité de votre entreprise ?

Lökki est né de mon association avec Sebastian. Lui est un grand passionné des boissons fermentées. Il développe toutes nos recettes et trouve le mariage parfait d’ingrédients pour apporter originalité, équilibre et bienfait à nos recettes. Pour ma part, j’ai très jeune eu la conviction qu’il fallait contribuer à un monde nouveau, à œuvrer pour la transition. Nous avons donc décidé de combiner nos compétences pour créer une entreprise qui « cultive les ferments d’un autre monde » par le biais de nos produits mais aussi via nos pratiques d’entreprise.

En termes de pratiques d’entreprise engagée nous avons mis en place une gouvernance participative, le partage de la valeur avec un accord d’intéressement distribuant 20% de nos bénéfices aux salariés. Nous menons des actions en faveur de la qualité de vie au travail, de la décarbonation (autonomie à hauteur de 80% en électricité grâce à nos panneaux solaires made in France). Nous travaillons aussi sur notre impact au regard de la biodiversité depuis que nous avons fait la convention des entreprises pour le climat.

Compte tenu de votre engagement, avez-vous rencontré des enjeux spécifiques de financement ? Comment les avez-vous résolus ?

Quand nous avons présenté notre premier business plan en 2015, nous en avons forcément étonné plus d’un. Pour autant nous avions dès l’origine décidé de passer par des acteurs engagés. Nous avons, par exemple, dès le premier jour, acheté notre électricité chez Enercoop pour soutenir la production d’électricité verte en local.
De la même manière, nous n’avons contacté que le Crédit Coopératif pour nos premiers financements, connu pour être une banque coopérative engagée pour un monde plus durable et plus solidaire. C’est une des banques françaises au plus faible impact carbone notamment parce qu’ils refusent de financer l’extraction des énergies fossiles et les pesticides de synthèses. Et grâce à notre accompagnement par Réseau Entreprendre® Rhône Durance et BpiFrance, le Crédit Coopératif nous a suivis pour financer notre premier crédit (25k€ à l’époque).

Par la suite, la NEF, une autre banque très engagée, est venue compléter les financements ainsi que Réseau Entreprendre®car nous sommes devenus lauréats en Croissance, puis le Réseau Initiative, France Active et BpiFrance.

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui souhaite poursuivre dans la voie de l’impact?

Sur notre projet de création, Réseau Entreprendre® nous a beaucoup apportés sur la dimension accompagnement entrepreneurial, économique, gestion, management.

Sur le volet Impact plus particulièrement, je conseille de se faire accompagner par des réseaux bienveillants comme le Coq Vert de BpiFrance, le Mouvement Impact France ou bien encore la Convention des Entreprises pour le climat. Réseau Entreprendre ® a également lancé un programme « Impact en 3 étapes » qui est un bon point de départ en termes de sensibilisation.

Nous avons aussi décidé, dès le premier jour, de nous faire auditer par Ecocert sur le cahier des charges For Life (iso 26000) pour mesurer notre progression annuelle. Dans le sud de la France, nous avons aussi la chance d’avoir le parcours CEDRE qui permet d’être accompagné gratuitement par des experts RSE très structurants.

Notre conviction c’est que l’impact ne peut plus être un simple vernis communicationnel de nos jours. Face à un monde de plus en plus incertain, les entreprises doivent travailler sur leur adaptabilité et sur le lien qu’elles ont avec le vivant/l’environnement sous toute ces formes. C’est une condition sine qua non à leur survie à terme ainsi qu’à celle de nos enfants.

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