« D’une posture de Dirigeant, à une posture de coach… j’ai revu ma copie pour retrouver le plaisir que j’avais perdu. »

Fraîchement diplômé de l’IESEG, Fabrice Filleur intègre l’enseigne GITEM d’abord comme Directeur financier pour quelques années. Il évolue rapidement en interne pour devenir en 1993, Directeur général régional puis, Directeur Général dans les années 2000. Une mission et une posture qui lui collent rapidement à la peau. Un défi qu’il a hâte alors de relever.

Le voilà parti pour plus de 15 ans à la tête d’un réseau national de magasins indépendants dédiés à l’univers du multimédia et de l’électroménager répartis sur toute la France.

Structurer, animer, concevoir une stratégie de développement forte… Fabrice se sent à sa place.  Il a été formé pour ça.

Mais comme pour beaucoup, le secteur d’activité et les habitudes de consommation évoluent vite… très vite. Notamment à l’aube de l’an 2000 avec l’avènement d’internet et l’explosion du e-commerce. La nécessité de s’adapter à une nouvelle réalité du marché se fait sentir et face à elle, les freins et la peur du changement au cœur même du réseau et du conseil d’administration du groupement. Et les difficultés commencent…

« En tant que dirigeant d’entreprise au sein d’un groupement de commerçant indépendants, quel que soit le contexte, on se doit de tenir un « rôle ». De tenir un discours fort. Il faut faire des choix, opter pour des partis-pris, prendre des décisions, co-construire mais aussi parfois se plier à des décisions stratégiques que l’on n’a pas choisies et avec lesquelles on n’est pas forcément en phase. Pas toujours facile… Mais à vrai dire, sur le moment on a peu de recul. On s’impose à soi-même d’être parfois quelqu’un qui ne nous correspond pas ou plus forcément parce qu’il le faut. »

L’écart de posture devient tel que l’aventure prend fin en 2015. Une fin d’aventure douloureusement vécue après quasiment 29 ans dans le même groupement.

En jetant un regard en arrière, il nous confie qu’il aurait certainement été préférable pour lui de partir 2 ou 3 ans plus tôt, lorsque les divergences stratégiques se sont faites plus pressantes.

« Il y a eu 2 ans de trop… »

La déception est encore vive et Fabrice veut démontrer qu’il est « capable de ». Il enchaîne rapidement et poursuit d’abord son chemin comme Directeur Général chez Phox à Paris, enseigne dans laquelle il s’était investi au sein du directoire depuis quelques années déjà. Un objectif : sauver l’enseigne et son réseau qui étaient dans une position extrêmement difficile. Un défi qu’il relève en 2 ans et qui lui permet d’achever son parcours en tant que dirigeant avec la satisfaction du devoir accompli… Comme il se l’était promis. Une note positive. L’esprit plus léger.

Et le voilà face à un dilemme : Que faire désormais ?

Naturellement il pense capitaliser sur son expérience en tant que dirigeant d’entreprise, et se sent, au sortir de celle-ci, légitime à tenir un rôle de conseil stratégique auprès d’entreprises en quête de vision et de croissance.

Fabrice devient indépendant, et crée alors « Allasso Conseil » avec un leitmotiv : Apporter une vision extérieure et un œil neuf en termes de stratégie d’entreprise à ses futurs clients.

Allasso : Changer, échanger, transformer. Voilà qui résume plutôt bien la suite du parcours et la nouvelle posture de Fabrice pour les années à venir.

De façon à assoir sa légitimité et parce que c’est une posture nouvelle pour lui, Fabrice choisit de suivre une formation de coaching sur Lille dont il sort certifié 7 mois plus tard…

Certifié oui, mais SURTOUT … transformé.

« J’ai énormément appris. J’ai réalisé durant ces 7 mois à quel point je m’étais enfermé avec les années dans un rôle qui me correspondait de moins en moins… Jusqu’à ne plus me correspondre du tout. Je me suis entêté. Un seul mot d’ordre à l’esprit : « Sois fort ». Mais plus que fort, je suis devenu entêté et j’ai cessé d’écouter et même de m’écouter.  Je devais avancer et faire avancer le navire dans la tempête. Alors force est de constaté que l’on en arrive à se convaincre soi-même… quitte à être en contradiction parfois avec ses propres fondements. On se voit tenir un discours dont on ne sait plus s’il a vraiment du sens. Ma formation mais aussi chaque coaching que j’ai mené depuis m’ont ouvert les yeux sur ce que mon expérience passée en tant que dirigeant m’a coûté à titre personnel. Mon plaisir et mon épanouissement ne se trouvaient pas là. Je l’ai compris. Je n’ai plus su faire autrement que de retrouver du plaisir professionnellement depuis. »

Fort de ces constats, Fabrice revoit son projet. Et choisit de s’éloigner de la stratégie d’entreprise et du conseil « pur » pour préférer ACCOMPAGNER les entreprises à l’échelle « humaine ».

Trouver les clés de la motivation, fédérer, fidéliser. Individuellement ou collectivement. Fabrice accompagne ses clients dans la quête de sens et d’harmonie au travail. Et prends le pli de se positionner sur une clientèle strictement professionnelle. Dans cette posture de coach : d’égal à égal, à côté de ses clients.

« Je ne donne pas de conseil. J’écoute. Je comprends. J’aide à mettre en lumière les réponses que chacun a en lui. Ce qui fait sens pour moi aujourd’hui c’est l’échange, la co-construction, la facilitation. J’ai 3 moteurs, 3 sources de plaisir et de motivation :

ACCOMPAGNER – EXPLORER – CREER.

C’est donc en m’appuyant sur ces 3 clés que je fonctionne chaque jour et au sein de chaque séance de coaching… Et mon 1er salaire, c’est de voir la petite étincelle qui s’allume dans l’œil de la personne ou du groupe qui est en face de moi. »

Depuis la création d’Allasso Conseil, Fabrice s’est encore fait une promesse. Aider ceux qui en ont besoin et consacrer à minima 20 % de son temps au bénévolat. C’est dans cette optique qu’il devient entre autres, membre de Réseau Entreprendre Nord et de Réseau Entreprendre Artois en parallèle d’Allasso Conseil.

Dans ce cadre, il choisit d’accompagner des projets multi-associés qui sont à ses yeux les plus riches de sens et d’apprentissage. Sans rien enlever au challenge de se lancer en solo dans la vie entrepreneuriale.

« L’interaction humaine est tellement riche. Se demander pourquoi ça marche ou non. Comment faire pour que cela fonctionne. Apprendre à accepter l’autre, ses qualités et ses défauts au sein d’un défi professionnel partagé, avec un tel engagement et cela dans la durée… Il faut reconnaître que c’est un tel défi qu’il m’a semblé pertinent de venir apporter mon écoute et mon regard spécifiquement sur ce type de projet.

Et j’adore vraiment ça. »

Et c’est peu dire. A l’aube de ses 61 ans, Fabrice nous confie que le plaisir qu’il cultive en tant que membre et accompagnateur bénévole, il souhaite y accorder demain encore davantage de son temps.

« Réseau Entreprendre, c’est un vrai cadeau pour un « jeune » entrepreneur. Faire partie de ce réseau et m’y investir, c’est devenu naturel. C’est du plaisir. Un plaisir partagé. »