La fiscalité du dirigeant est souvent perçue comme un domaine complexe et un peu obscur pour les entrepreneurs. Pourtant, bien maîtrisée, elle peut devenir un levier stratégique puissant pour la croissance et la pérennité de l’entreprise.

Laura Maréchal, chargée d’affaires chez B.Conseil – cabinet d’experts en financement de l’innovation – vous partage ses conseils pour adopter les bons réflexes fiscaux dès la création de l’entreprise et tout au long de son parcours.



1. Intégrer la fiscalité dès la création de l’entreprise

La fiscalité ne doit pas être une contrainte, mais un outil de pilotage à intégrer dès les premières étapes de la création.

Le choix du statut juridique (SAS, SARL, EURL, micro-entreprise, etc.) a des conséquences directes sur l’imposition, la rémunération et la protection sociale du dirigeant.

Ainsi, un dirigeant qui choisit la SAS relève du régime général, avec des cotisations sociales plus élevées, mais une meilleure couverture (notamment retraite et maladie). Ce statut séduit souvent les entrepreneurs en phase de levée de fonds ou de forte croissance.

À l’inverse, le gérant d’une SARL ou d’une EURL dépend du régime des indépendants, avec des charges sociales plus faibles, mais une protection plus limitée. Ce cadre est souvent mieux adapté à une activité artisanale ou de services, ou à une structure en phase de lancement.

Quant à la micro-entreprise, elle offre une grande simplicité administrative, mais impose des plafonds de chiffre d’affaires et une impossibilité de déduire les charges réelles : un format pratique pour tester une idée ou démarrer seul, mais rapidement limitant pour se développer.

Penser sa fiscalité dès la création, c’est éviter d’avoir à la subir ensuite.



2. Piloter la vie fiscale de l’entreprise au quotidien

IS ou IR : un choix à adapter à chaque étape

Le choix entre l’Impôt sur les Sociétés (IS) et l’Impôt sur le Revenu (IR) dépend des objectifs de développement et du niveau de bénéfice.
L’IR permet d’intégrer les bénéfices au revenu personnel du dirigeant, soumis au barème progressif. C’est souvent plus avantageux au démarrage, quand les revenus restent modestes.
L’IS, en revanche, permet de taxer les bénéfices au taux de 15 % jusqu’à 42 500 €, puis 25 % au-delà. Ce régime devient plus intéressant dès que l’entreprise dégage des bénéfices importants et souhaite les réinvestir.

Concrètement, un consultant qui réalise 50 000 € de bénéfices paiera environ 9 000 € d’impôt à l’IS, contre plus de 14 000 € à l’IR selon sa tranche marginale. La bascule vers l’IS au bon moment peut donc représenter un gain fiscal notable.

Bien gérer la TVA et activer les dispositifs d’innovation

La TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) est un levier essentiel du pilotage de trésorerie. Elle s’applique selon différents taux :

  • 20 % pour la majorité des biens et services,
  • 10 % pour certains secteurs (restauration, transport),
  • 5,5 % pour les produits de première nécessité, livres ou énergie.

Bien gérer sa TVA (régime réel, franchise, déclaration trimestrielle, option pour la TVA sur encaissement) permet d’éviter les décalages de trésorerie souvent lourds pour les petites entreprises.

Les crédits d’impôt à l’innovation, comme le CIR (Crédit Impôt Recherche) ou le CII (Crédit Impôt Innovation), sont de véritables leviers pour financer la R&D.

B.Conseil a ainsi accompagné une PME industrielle qui, après audit, a obtenu un remboursement de plus de 320 000 € sur ses projets de recherche et développement.



3. Construire et protéger son patrimoine de dirigeant

Trouver le bon équilibre entre salaire et dividendes

La question de la rémunération est au cœur de la stratégie fiscale du dirigeant.

Combiner salaire et dividendes permet souvent d’optimiser la fiscalité tout en conservant une couverture sociale adaptée.

Le salaire, soumis à cotisations sociales, ouvre des droits (maladie, retraite, chômage). Les dividendes, eux, sont soumis à une taxe fixe moins importante (la flat tax de 30 %).

Un dirigeant qui se verse 30 000 € de salaire et 30 000 € de dividendes paiera globalement moins d’impôts que s’il percevait la totalité en salaire, tout en préservant une partie de sa protection sociale. Cet équilibre doit être défini en amont et ajusté selon les besoins et les projets.

Anticiper la transmission

Préparer la transmission de son entreprise, c’est aussi protéger sa famille et son patrimoine.

Le pacte Dutreil reste aujourd’hui l’un des dispositifs les plus efficaces pour cela : il permet une exonération de 75 % des droits de succession ou de donation, à condition que les titres soient conservés pendant plusieurs années. Ce dispositif favorise clairement la continuité des entreprises familiales ou des sociétés détenues en groupe.

D’autres solutions peuvent compléter cette approche, comme la création d’une holding de transmission, qui facilite la gestion et la donation progressive des titres. Mais là encore, chaque configuration doit être pensée selon les objectifs du dirigeant et le profil de l’entreprise.


4. Préparer la cession de son entreprise

La cession représente un moment clé dans la vie d’un entrepreneur. Anticiper la fiscalité, c’est maximiser la valeur dégagée tout en sécurisant son patrimoine.

La création d’une holding en amont peut, par exemple, permettre de réduire significativement la fiscalité sur la plus-value en bénéficiant du régime mère-fille. B.Conseil a accompagné plusieurs dirigeants dans cette démarche, leur permettant de réduire de près de moitié leur imposition lors de la vente de leur société.

La holding devient alors un outil à la fois patrimonial et stratégique : elle centralise les titres, facilite la transmission et permet de réinvestir plus facilement dans de nouveaux projets.


5. Fiscalité et leadership : vers une stratégie durable

Un dirigeant éthique est un dirigeant prévoyant. La fiscalité ne doit pas être abordée sous l’angle du “moins d’impôts possible”, mais sous celui du “juste impôt”, en cohérence avec la stratégie et les valeurs de l’entreprise.

Les dirigeants les plus performants sont ceux qui font de la fiscalité un outil de pilotage stratégique : prévision, cohérence, anticipation et conformité. Cette approche favorise la confiance, la transparence et un leadership durable.

Pour mieux comprendre comment un leadership éthique renforce la performance et la cohésion de l’entreprise, découvrez notre article dédié.


Finalement, la fiscalité du dirigeant, qu’elle soit personnelle ou professionnelle, ne se résume pas à des règles complexes : c’est un levier de gouvernance, un outil de protection et un moyen d’assurer la croissance durable de l’entreprise.

Pour aller plus loin, vous pouvez réserver un rendez-vous gratuit avec Laura Maréchalchoisissez votre créneau ! »

Article réalisé par Laura Maréchal, pour Réseau Entreprendre® Paris.

Réseau Entreprendre® Paris est un réseau de chefs d’entreprise engagés qui accompagne créateurs et repreneurs dans le développement de leurs projets.