Il suffit de quelques minutes d’échange pour saisir qu’Adeline de Slizewicz est passionnée par ses produits et par l’aventure entrepreneuriale ! Rencontre avec cette dirigeante qui allie ambition de croissance et attention à la qualité.

 

Réseau Entreprendre : Comment est née l’entreprise Tadé ?

L’histoire de Tadé, c’est au départ celle d’une rencontre entre Thaddée de Slizewicz, mon mari, et la Méditerranée levantine. Une passion qui célèbre la cosmétique et l’art de vivre méditerranéens.

Son produit phare, le fameux Savon d’Alep, il l’a rapporté dans ses bagages, en 1994 après deux années passées à Alep. Nous l’avons baptisé Savon d’Alep, en référence à son cousin marseillais. Une dénomination devenue gage de qualité.

Progressivement nous avons étoffé les gammes avec des produits et objets ayant une âme et une histoire. Ils sont tous élaborés aux côtés d’artisans locaux et dans le respect des savoir-faire ancestraux.

R.E : L’aventure entrepreneuriale a commencé il y a un peu plus de 20 ans. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Nous nous sommes sûrement lancés avec inconscience dans le défi qui fut le nôtre. Mais notre aventure a surtout été celle d’hommes et de femmes qui ont su traduire notre vision et notre intuition.

En effet, nous nous sommes plongés, sans mauvais jeu de mot, dans le bain du savon, sans expertise, mais avec un amour du produit vrai et une vision forte.  La marque a été pensée pour répondre à cette exigence de produits bons pour l’homme et composés d’ingrédients naturels.

Nous sommes fiers d’avoir participé à cette renaissance du savon cuit au chaudron en discontinu qu’il soit de Marseille ou d’Alep. L’engouement est aujourd’hui très fort et Tadé, avec son « Pain d’Alep » a contribué à cette notoriété retrouvée.

Pendant les 18 premières années, Tadé a connu une croissance progressive et constante. En 2012, avec une équipe de 24 collaborateurs en France et 45 en Syrie, l’entreprise réalisait un CA de 3.5 M €. Mais la guerre en Syrie a stoppé nette cette croissance, et l’aventure entrepreneuriale a bien failli être arrêtée. Nous avons perdu notre entrepôt à Alep, et avec la plupart de nos approvisionnements. Nous avons pu tenir grâce aux stocks importants en France, constitués avec nos fournisseurs pendant toutes ces années, le temps qu’une nouvelle production soit à nouveau possible. Puis, nous avons pu relancer la production sur place et avons toujours gardé une fabrication en Syrie de l’authentique Savon d’Alep.

La guerre en Syrie a stoppé nette cette croissance, et l’aventure entrepreneuriale a bien failli être arrêté

Le soutien de chefs d’entreprise qui nous ont fait confiance nous a permis de traverser ces moments très difficiles.

La guerre nous a fait perdre 30% de chiffre d’affaires mais notre passion et volonté de soutenir certains de nos anciens partenaires restés sur place, nous a donné l’énergie de continuer notre activité.

La guerre laisse des traces, et des traces très douloureuses. Au professionnel se mêle l’intime et il n’est pas facile d’en parler. C’est une expérience particulière et unique. Dans ce parcours atypique, nous pouvons constater, avec un recul certain, que le défi humain est toujours le plus complexe à relever.

Aujourd’hui, Tadé c’est presque  3 millions de chiffre d’affaires, avec 12 salariés.

Aujourd’hui, Tadé c’est presque  3 millions de chiffre d’affaires, avec 12 salariés

 R.E : Vous parlez d’aventure entrepreneuriale collective ; c’est d’abord en couple qu’elle a démarré. Atout ou difficulté ?

On nous avait conseillé il y a quelques années, de réaliser un profil de comportement pour mieux nous connaître, tant nos tempéraments, qualifiés de « feu & d’eau », étaient divergents. Le résultat ne fut guère surprenant : l’un était rouge avec un profil de directeur réformateur et l’autre jaune, avec un profil radicalement opposé de créatif.  En d’autres termes une « passionnée » bien terre à terre et un « prophète » dans son domaine. Notre complémentarité est le socle de Tadé, réunie dans une vision commune.

Assez naturellement l’un embrasse les produits, leurs développements, la qualité et la réglementation, et l’identité, quand l’autre s’occupe des finances, de l’administration et du social.

Nous pouvons dire avec tout ce que nous avons traversé, que Tadé a démarré en couple, mais a perduré grâce à un couple à sa tête.

La grande adversité révèle nos qualités et surtout nos faiblesses. Peut-être que sans ce lien, il aurait été difficile de les dépasser. Cette humilité acquise dans le dépouillement, si elle ne s’est pas faite simultanément, nous a toujours permis de nous épauler mieux que quiconque.

Nous avons eu des moments de doute, mais nous sommes convaincus aujourd’hui que c’est bien ensemble, et avec une équipe, que nous avons réussi à relever ce défi.

R.E : Vous avez sollicité l’accompagnement de Réseau Entreprendre. Pourquoi ?

Après les difficultés évoquées, Tadé repartait sur un nouveau plan de croissance, en 2014 avec une nécessaire structuration financière. Nous étions approchés par des fonds, mais notre situation plutôt saine, nous permettait de pouvoir compter sur des fonds bancaires pour notre développement.

Nous avions besoin d’autre chose et devions trouver des ressources externes qui puissent nous écouter et conforter notre vision.

En découvrant le parcours Ambition de Réseau Entreprendre, basé sur le partage d’expériences de chefs d’entreprise, l’accompagnement dans la durée (3 ans) je me suis immédiatement retrouvée dans les valeurs de Réseau Entreprendre et j’ai su que ce programme était fait pour Tadé :

  • Renforcer notre posture de chef d’entreprise de croissance
  • Garder alignées stratégie de croissance et exécution opérationnelle
  • Mettre en place une gouvernance d’entreprise choisie et responsable
je me suis immédiatement retrouvée dans les valeurs de Réseau Entreprendre

R.E : Comment Réseau Entreprendre vous est-il utile ?

Grâce au parcours Ambition de Réseau Entreprendre, nous réalisons un vrai travail sur notre stratégie et les réponses à apporter à nos enjeux de croissance.  Nous sommes obligés de nous remettre en question, et cela nous permet de piloter avec plus de recul.

Grâce au parcours Ambition de Réseau Entreprendre, nous réalisons un vrai travail sur notre stratégie

Nous bénéficions d’un comité d’accompagnement, composé exclusivement de chefs d’entreprise bénévoles, qui se réunit tous les trois mois. Nous sommes extrêmement gâtés des compétences, de l’engagement et de la diversité des profils des quatre chefs d’entreprise accompagnateurs !

Nous bénéficions d’un comité d’accompagnement, composé exclusivement de chefs d’entreprise bénévoles

Ces dirigeants connaissent la réalité du métier et savent mettre le doigt sur les vrais sujets, poser les bonnes questions et nous aider à accoucher des décisions incontournables. La résolution de notre problème de gouvernance, fût un point clé qui nous a permis de poursuivre notre développement sereinement.

En parallèle, Réseau Entreprendre nous a fait travailler sur les valeurs de l’entreprise. Nous avons ainsi conforté l’identité de l’entreprise. Ce travail est un bon régulateur et une aide à la décision.

La mise en réseau est également un élément très intéressant chez Réseau Entreprendre. Nous avons trouvé des ressources précieuses au-delà de nos accompagnateurs.

Nos interlocuteurs ont les mêmes problématiques, la relation humaine y est forte !

Nos interlocuteurs ont les mêmes problématiques, la relation humaine y est forte !

R.E : On évoque souvent l’accompagnement à la création ; beaucoup moins pour le développement. Pensez-vous qu’il soit aussi essentiel ?

Le créateur d’entreprise n’est pas forcément un développeur. En tant que chef d’entreprise, il faut sans cesse réinventer son métier. L’œil externe et désintéressé du bénévole accompagnateur est nécessaire dans cette période. D’expérience, nous avons appris que rien ne remplace le conseil gratuit d’un pair qui est passé ou qui passe, par les mêmes problématiques, plutôt que par un conseil, qui n’a pas vécu la situation.

L’œil externe et désintéressé du bénévole accompagnateur est nécessaire

De façon plus générale, l’isolement du chef d’entreprise est toujours un danger, donc l’accompagnement est aussi utile en développement, qu’en création.

Une entreprise, c’est une histoire collective : il faut s’entourer ! Il faut s’entourer aussi de personnes externes, qui portent un regard plus distant et critique, plus équilibré et juste.

Une entreprise, c’est une histoire collective : il faut s’entourer !

Nous remercions Réseau Entreprendre qui correspond à une vraie nécessité du chef d’entreprise et de l’entreprise !