Béatrice Caula – Evoluflor


  • Béatrice Caula, Lauréate 2019 est la fondatrice de Evoluflor, qui développe et commercialise un logiciel professionnel all in one à destination des fleuristes. Béatrice revient sur son parcours et l’accompagnement par Réseau Entreprendre.

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Quel est ton parcours personnel et professionnel ? 

Après un Master en ingénierie des systèmes de l’image et du son, j’ai été directrice de production audiovisuelle pour des documentaires sur Paris. Puis, lorsque j’ai eu ma première fille, j’ai décidé avec mon mari de redescendre dans le sud. N’ayant pas envie de recréer de zéro un réseau professionnel dans la région, j’ai décidé de reprendre le magasin de ma mère, fleuriste. C’est parce que j’ai eu cette expérience pendant 20 ans de commerçante et de fleuriste que j’ai décidé, par la suite, de me lancer dans l’aventure Evoluflor.

Réseau Entreprendre fait vraiment parti de mon histoire. Il m’a permis de mettre le pied à l’étrier.

C’est quoi Evoluflor ?

Une société que j’ai créée en 2017, qui édite et commercialise un logiciel pour permettre aux commerçants de proximité de digitaliser leur activité sans fragmenter leurs besoins.
Aujourd’hui, tout le monde se jette sur la digitalisation des activités des commerçants de proximité. On retrouve des caisses, des marketplaces, des solutions de fidélisation, de gestion de fichier client ou de comptabilité, mais, tous ces outils forment une mille-feuille d’outils numériques qui représente un frein pour ces commerçants qui ne sont pas nécessairement experts dans l’usage d’outils digitaux. Cette accumulation de logiciels engendre également des coûts élevés. Nous avons donc décidé de développer un outil all in one, se présentant sous la forme d’une caisse.
Pour cela, nous avons redéveloppé un logiciel de caisse en SAS. C’est via cette caisse que le commerçant de proximité a accès à un outil qui rassemble son écosystème, mais lui permet également de créer et paramétrer son propre site de vente en ligne. Pour la première fois, le commerçant est maître de sa solution et a la possibilité de cloner de manière très simple ce qu’il vend dans sa boutique physique, dans le monde numérique. 

Pourquoi as-tu voulu te lancer dans l’entrepreneuriat ?   

J’ai créé Evoluflor, car j’étais la première à en avoir besoin lorsque j’étais fleuriste. Quand on regarde aujourd’hui, on observe que tous les partenaires des fleuristes se sont digitalisés, mais que les fleuristes ne sont pas inclus dans cette digitalisation. Chez les fleuristes, les commandes arrivent encore par format papier, fax, mail impliquant des lourdeurs dans la gestion des commandes et dans l’organisation de la production. Lorsque j’ai voulu digitaliser toutes les taches qui me faisaient perdre du temps et j’ai été contrainte d’utiliser plusieurs logiciels. J’ai donc consulté la fédération des artisans fleuristes en 2016 en leur demandant si des solutions existaient. Lorsque nous avons constaté qu’il n’existait pas de solutions all in one sur le marché, j’ai décidé de lancer moi-même ce projet. 

Quelles ont été les difficultés ?

Le projet n’a pas été facile à lancer au début, car j’avais mon activité de fleuriste qui me prenait beaucoup de temps, je devais également trouver les bonnes personnes pour lancer ce projet. Mon premier associé a été super, il m’a permis de trouver un logiciel de caisse existant à qui j’ai demandé l’autorisation de développer certaines fonctionnalités qui me manquaient dans mon travail au quotidien (principalement la gestion des commandes et des livraisons). Cette étape m’a permis de tester le logiciel et de prouver que l’intégration de ces processus à un logiciel de caisse représentait un gain de temps important. Pour l’anecdote, avant Evoluflor, le week-end de la fête des mères mon magasin enregistrait plus 450 commandes, ce qui nous prenait une nuit entière à gérer avec notre effectif au complet. Evoluflor nous a fait gagner plus de 5 heures dans la gestion de ces commandes.
Grâce à l’exemple de ma boutique et à mon réseau professionnel, j’ai rapidement acquis mes 100 premiers clients. De là, nous avons co-constuit le logiciel avec ces 100 premiers clients. J’ai ensuite intégré le Village By CA à Valbonne qui m’a fait découvrir Réseau Entreprendre. À partir de là, j’ai mis la stratégie d’Evoluflor en place, il fallait pour cela recréer un logiciel de A à Z pour récupérer la propriété industrielle et être complètement libre.

Que t’a apporté l’accompagnement Réseau Entreprendre ?  

Le Réseau Entreprendre m’a aidé dans ce redémarrage, il m’a notamment permis de financer la création du logiciel Choops. J’ai également rencontré d’autres chefs d’entreprise ce qui m’a fait bénéficier de beaucoup d’échanges et d’expérience dans tous les domaines (technique, structuration, financier, etc.). Tous ces échanges que j’ai eus avec les chefs d’entreprises lors de mon parcours de validation ont été des échanges passionnants. Ces personnes ont fait partie de mes guides et m’ont permis de démarrer. Lorsque j’étais lauréate, j’étais accompagnée par Vincent Desnot (Teach On Mars), avec qui je suis encore en contact. Il m’a vraiment aidé à faire face aux écueils que je rencontrais. N’étant pas experte dans la tech et le développement, il m’a permis de m’entourer, de sécuriser Evoluflor au niveau juridique, de bien mettre en place la gestion de projet.
L’accompagnement m’a également apporté cette écoute attentive dont j’ai pu bénéficier sur tous les sujets. Toutes les expériences ont été bonnes à prendre. Ça m’a également apporté un réseau de jeunes chefs d’entreprises qui se lançaient comme moi. La marque « Réseau Entreprendre » est également très précieuse lorsque l’on s’adresse à une banque ou à un acteur du financement. Cela apporte une crédibilité supplémentaire.  

Si tu devais changer quelque chose dans ton accompagnement, qu’est ce que ce serait ?

J’aurais aimé participer plus activement aux événements du réseau lors de mon accompagnement, mais c’était une période très chargée pour moi avec une première levée de fonds et une équipe qui est passée de 3 à 18 salariés en moins de 3 mois. On a également acquis durant cette période 5 % du marché des artisans fleuristes en France. Désormais, nous avons l’outil qui nous a coûté plus d’1 million d’euros à développer et nous entamons une deuxième levée de fonds en nous focalisant sur l’accélération commerciale, l’objectif étant d’atteindre la rentabilité d’ici 2024 en atteignant 20 % du marché des fleuristes d’ici 2025.
Nous avons également noté avec le Covid, que des activités que nous, fleuristes, faisions depuis longtemps comme le click and collect ou la livraison, se sont généralisées à la plupart des commerces de proximité. Notre logiciel devient alors utilisable par des commerçants d’autres branches. Nous avons donc l’ambition d’aller chercher une part des 600 000 commerçants de proximité en France.

Quel conseil donnerais-tu as un jeune lauréat ?

Faites vous accompagner, ne restez jamais seul, écoutez les chefs d’entreprise que vous rencontrez. Aussi bien ceux qui sont en difficulté que ceux qui ont réussis. Prenez tout ce qu’il y a à prendre et vous ferez le tri ensuite. Faites-vous accompagner !! Il faut aussi savoir mettre son ego de côté et réfléchir à ce que l’on nous dit même si ça ne nous plaît pas. C’est souvent une étape nécessaire pour avancer.

Souhaites tu devenir membre ?

Pour le moment, je suis focalisée à 100 % sur l’atteinte de la rentabilité que l’on espère pour 2024. Dès lors que j’aurais atteint ce seuil, j’estime que je me dois de devenir membre, de faire profiter les nouveaux arrivants de l’accompagnement que j’ai eu la chance d’avoir. Je ne serai pas là pour expliquer à ces entrepreneurs quoi faire car j’estime que chaque entrepreneur manœuvre son entreprise comme il l’entend mais pour apporter ce partage d’expérience : Les difficultés que j’ai rencontrées, ce que j’ai appris de mes expériences, etc.

Un dernier mot ?

Je remercie vraiment Anabelle d’avoir croisé mon chemin. Ça m’a été d’une grande aide. Réseau Entreprendre fait vraiment parti de mon histoire. Il m’a permis de mettre le pied à l’étrier. Je ne suis pas développeur, je ne suis pas directeur technique… et alors ? je vais le faire quand même ce logiciel !