Point de vue d’expert – Thibaut de Roux, Généris Capital

« Une entreprise est une communauté de talents, d’expertises et d’hommes qui sont nécessaires et indispensables à la réussite. La gouvernance est à la fois le poumon, le cerveau et le cœur de l’entreprise. »

La gouvernance est un sujet stratégique pour l’entrepreneur de croissance. Pourquoi ?

Les préoccupations d’un entrepreneur et d’un dirigeant, sont multiples : il doit innover, porter ses innovations sur le marché, les monétiser, mettre en place une organisation qui soit la plus efficace possible dans le but de créer de la croissance, de la valeur et donner vie et sens à son projet. Pour cela il doit s’entourer de compétences externes et internes pour pouvoir construire, anticiper, gouverner, réagir au marché et prendre les meilleurs décisions possibles/ les décisions les plus efficaces. Dans ce contexte, la gouvernance est effectivement stratégique. Gouverner, c’est prévoir dit-on souvent.

Une entreprise est une communauté de talents, d’expertises et d’hommes qui sont nécessaires et indispensables à la réussite. La gouvernance est à la fois le poumon, le cerveau et le cœur de l’entreprise. Le poumon car la gouvernance permet au dirigeant de prendre du recul, de respirer. Le cerveau car la gouvernance permet d’élever le débat et de réfléchir. Le cœur car la gouvernance est bienveillante en veillant à l’intérêt social de l’entreprise et permet de partager et échanger des idées. La gouvernance est un outil d’aide à la décision stratégique indispensable à la croissance. Un entrepreneur chevronné m’a dit un jour : « un entrepreneur, c’est quelqu’un qui prend des décisions certaines dans un contexte incertain ».

Quels sont les erreurs les plus fréquentes en matière de gouvernance dans les entreprises que vous avez accompagnées ?

En 20 ans de métier d’investisseur de croissance, j’ai pu observer de multiples types de gouvernance que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie. Les erreurs le plus fréquentes sont presque toujours les mêmes :

  • Croire qu’on n’a besoin de personne
  • Croire que déléguer c’est abandonner son pouvoir
  • La gouvernance de complaisance ou de confort : une gouvernance avec ses proches et uniquement avec ses proches par exemple
  • Refuser l’échange et la contradiction

La question de la gouvernance n’est pas simple. Il n’existe pas « un » système de gouvernance. A chacun de s’interroger sur ce qu’il y a de meilleur pour l’entreprise et sur ce dont il a besoin pour réussir. Ça ne marche pas toujours. Il faut faire des essais. A chaque stade de développement de l’entreprise correspond des besoins, des enjeux, des challenges, des responsabilités, et donc une gouvernance appropriée. Le sujet de la gouvernance ne peut pas être correctement traité si l’intérêt social de l’entreprise n’est pas au cœur des préoccupations du dirigeant, de l’entrepreneur.

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur pour lui permettre d’avoir une communication efficace avec ses actionnaires ?

La communication avec ses actionnaires est comme la communication avec ses clients, ses fournisseurs, ses salariés. Elle doit être claire, précise, régulière, transparente, constructive et bienveillante. Un actionnaire est forcément quelqu’un qui apporte sa pierre à l’édifice. En cela, il doit être considéré en tant que tel.

Un conseil concret : au même titre qu’un client attend un service ou un produit de qualité livré au bon moment, un actionnaire attend qu’on lui donne des nouvelles de l’activité, un reporting régulier, des comptes précis. Ne faites pas l’impasse sur sa demande. Ces informations sont la matière première dont l’actionnaire a besoin pour accompagner l’entrepreneur. Vous améliorerez grandement votre communication avec lui et de là vous construirez une relation de qualité, collaborative, enrichissante qui reposera sur l’échange et l’envie de faire ce qu’il y a de mieux pour l’entreprise et sa croissance.