La santé de l’entrepreneur est le premier capital immatériel de l’entreprise. Pourtant, une étude révèle que 81% des entrepreneurs considèrent leurs journées de travail comme stressantes, et près d’un entrepreneur sur deux se dit régulièrement épuisé. Dans ce contexte, il est essentiel de discuter des stratégies que les dirigeants peuvent adopter pour préserver leur santé physique et leur bien-être.
Pour Constance Hamel, ancienne cadre dirigeante dans l’univers du retail, fondatrice de l’association La vie Kintsugi et de l’agence Capsee, et intervenante Harmonie Mutuelle, il est temps de remettre l’humain – et le corps – au cœur de l’entreprise.
Rencontre avec une femme qui milite pour une culture entrepreneuriale plus à l’écoute, plus consciente et plus douce.

Constance Hamel, la santé quels sont les conseils pratiques qu’un chef d’entreprise peut mettre en place au quotidien pour réduire son stress dans les moments de tension et retrouver rapidement une plus grande sérénité ?
La santé de votre entreprise, commence par la vôtre !
La première chose, c’est de revenir à soi. Je ne peux pas donner à mes collaborateurs, je ne peux pas donner à mes clients, à mes partenaires, une énergie que je n’ai pas. Auprès des entrepreneurs que j’accompagne, je leur donne des outils pour réaliser un « reset », ou leur enseigne l’art de se recentrer. Il s’agit par exemple de prendre une minute de respiration profonde entre deux réunions, dans sa voiture avant d’arriver à un rendez-vous ou en arrivant au bureau. Une minute, ça paraît être très court mais prendre ce temps change tout. Respirer par le nez, profondément, longuement sur un temps très court fait baisser la tension artérielle, le rythme cardiaque, les émotions…
Ensuite, il est important d’accueillir ses sensations corporelles désagréables plutôt que de les ignorer. Une boule dans le ventre, des épaules crispées, un souffle court ? Ce sont des signaux d’alerte du corps. Les écouter permet d’identifier que quelque chose ne va pas et de se questionner sur un besoin non entendu. La santé ne commence pas dans la tête mais dans la capacité à entendre ce que le corps murmure… avant qu’il ne crie.
Les chefs d’entreprises ont souvent un agenda chargé. Quelles astuces donnez-vous aux dirigeants cherchant à entretenir ou améliorer leur santé physique, quand ils ont peu de temps libre dans une journée ?
Je parle souvent de rituels plutôt que de discipline. Il ne s’agit pas de tout bouleverser, mais de s’offrir de l’attention, « me first / my time », même dix minutes par jour. Un dirigeant qui prend soin de lui pourra prendre soin de son entreprise.
Par ailleurs, bouger est fondamental ! Pas forcément en faisant du sport à haute intensité, mais en marchant, en se levant régulièrement, en organisant par exemple des réunions en marchant lorsqu’elles s’y prêtent. Le corps humain n’est pas fait pour rester assis huit heures par jour. Il faut remettre du mouvement dans son quotidien.
Enfin, il est important d’oser demander de l’aide. Un dirigeant accompagné est souvent un dirigeant plus lucide, plus calme, plus efficace. Se faire accompagner ne devrait jamais être vu comme un aveu de faiblesse, mais comme un acte de leadership.
68% des entrepreneurs estiment avoir un sommeil inégal ou insuffisant, alors que c’est une des clés d’une bonne santé physique. Comment ces profils très sollicités mentalement peuvent-ils améliorer la qualité de leur sommeil ?
Améliorer la qualité du sommeil commence par établir une routine. Il est important de se coucher et de se lever à des heures régulières, même le week-end. Éviter les écrans avant de dormir et créer un environnement propice au sommeil, comme une chambre sombre et calme, sont également des éléments clés.
Enfin, pratiquer des techniques de relaxation, comme la méditation ou la respiration profonde, peut aider à apaiser l’esprit avant de se coucher.
Le soir venu, il est important de déconnecter : pas d’écran, pas de mails, pas de décisions importantes. Vous pouvez également mettre en place des rituels apaisants propices au sommeil : tisane, lecture, écriture. Tenez par exemple un journal de gratitude ou de fiertés, dans lequel vous notez tout ce que vous avez accompli dans la journée. Cela apaise en reconnectant au présent le mental hyperactif du dirigeant, souvent tourné vers les enjeux de demain.
Et surtout, pratiquer la douceur envers vous-même. Se coucher sans se juger, sans s’auto-critiquer, mais en s’autorisant à être humain, tout simplement.