En partenariat avec le Ministère de la Culture, Réseau Entreprendre a lancé un programme visant à encourager les résidences d’artiste. Les entreprises membres et lauréates de Réseau Entreprendre qui le souhaitent peuvent ainsi accueillir un artiste dans leurs locaux en vue de la création d’une œuvre.  L’objectif ? Sensibiliser de nouveaux publics à l’art et créer des synergies communes en matière de création entre l’entreprise et le monde culturel.

Une première Résidence d’artiste a été initiée en Seine Saint Denis. L’entreprise « La Compagnie des Boutons », membre de Réseau Entreprendre 93, a accueilli l’artiste Sara Favriau en association avec le Centre National Edition Art Image (CNEAI), organisme culturel de médiation sur ce projet.

De cette collaboration est née l’exposition « Virgule, ou tout simplement brigands » qui a accueilli plus de 1000 visiteurs en mai dernier au CNEAI.

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Découvrez l’interview croisée entre les 3 acteurs engagés dans cette Résidence : Philippe Normand, dirigeant de la Compagnie des boutons (Réseau Entreprendre 93), l’artiste Sara Favriau et Sylvie Boulanger, Directrice du CNEAI.

Vous êtes la première résidence d’artiste à voir le jour dans le cadre du partenariat initié entre Réseau Entreprendre et le Ministère de la Culture: Quel raison vous ont conduit à ce projet ?

Philippe Normand, dirigeant de la Compagnie des boutons (Réseau Entreprendre 93) : Le projet en soi m’intéressait. De plus l’activité proche de l’artisanat de notre entreprise me paraissait favorable à une telle expérience.

Sara Favriau, artiste : le naturel avec lequel cette résidence s’est présentée et beaucoup de curiosité d’échanger avec un environnement de production pure. Afin de faire la guerre des boutons !

Sylvie Boulanger, CNEAI : L’art ne se résume ni à la production d’un objet, ni à la création d’un événement. C’est un avènement et pour cela, il est passionnant de le voir advenir dans des lieux et des situations où sa présence même crée un hiatus, une surprise, des lieux où il interrompt l’ordre du jour. L’entreprise est une réalité, qui plus est, créatrice de communautés sociales.

En quoi a consisté ce projet ? Comment ce projet s’est-il déroulé ?

Philippe Normand, dirigeant de la Compagnie des boutons (Réseau Entreprendre 93) :  Le projet a d’abord été présenté aux délégués du personnel, puis à l’entreprise dans son ensemble, ce qui est rendu possible par notre petite taille ( 15 personnes ) . J’avais indiqué au départ que l’enjeu n’était pas pour Sara de produire une œuvre liée à nos produits et activité, mais …. elle en a décidé autrement et elle a utilisé nos matières et moyens de production.

Sara Favriau , artiste : j’ai plutôt choisi de l’intégrer à ma pratique que l’inverse, profitant des contraintes induites par le format  (bouton) comme des libertés à prendre et à développer grâce ces mêmes contraintes. Ce qui est un des champs du processus de création dans mon travail.

Sylvie Boulanger, CNEAI : Quel rôle avez-vous joué ? Le rôle le plus ténu possible. Le centre d’art a un rôle d’accompagnement du projet : en faciliter la mise en place, puis cheminer auprès de Sara lors des mois de production à la Compagnie française du bouton, enfin imaginer avec elle un format de restitution – en l’occurrence une exposition, rendue possible par le soutien renouvelé de Philippe et la très belle relation que Sara a entretenue avec toute l’équipe de la Compagnie française du Bouton. Le CNEAI était ainsi au plus près des missions que se sont donnés les centres d’art : travailler au côté des artistes pour élargir des communautés sensibles et créer des liens entre différents acteurs du territoire

Que vous a apporté ce projet ?

Philippe Normand, dirigeant de la Compagnie des boutons (Réseau Entreprendre 93) : Pour l’entreprise elle-même, cette Résidence a initié le personnel à la création artistique. Elle a contribué à enrichir notre image vis-à-vis de l’extérieur et de nos clients. Elle nous a fait découvrir le CNEAI.

Sarah Favriau, artiste : une production singulière, un challenge de plus et  de très belles rencontres.

Sylvie Boulanger, CNEAI : quel fut l’impact de ce projet dans la vie de votre organisme culturel ? Ce fut une aventure passionnante ! L’équipe du CNEAI a découvert, comme Sara, l’entreprise – les matériaux, les techniques et les savoir-faire qui existaient à deux pas du centre d’art – mais surtout celles et ceux qui y travaillent, devenus nos voisins et co-aventuriers. Avec le Comité départemental du tourisme, le CNEAI a organisé une visite de l’entreprise, guidée par Philippe, afin de partager notre découverte auprès de Séquano-dyonisien.e.s. D’autres artistes sont maintenant intéressés à travailler sur les boutons. Nous avons fait découvrir la Compagnie Française du Bouton à nos autres partenaires locaux et aux artistes. Et nous avons pris conscience de la pertinence de réseau Entreprendre et des personnalités qui le compose. Nous avons choisi d’intégrer ce projet à notre programmation et nous espérons vivement que les jeunes professionnels internationaux qui y ont contribuée pourront faire perdurer le projet en le présentant dans leur pays d’origine !

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur et à un artiste souhaitant se lancer dans une Résidence ?

Philippe Normand, dirigeant de la Compagnie des boutons (Réseau Entreprendre 93) : Ne pas avoir de préjugés et associer le personnel à l’expérience.

Vue de l’exposition « Virgule, ou tout simplement brigands » de Sara Favriau