C’est au cours d’un voyage en Asie que germe dans l’esprit de Camille Azoulai, encore étudiante, l’idée de faire évoluer les modes de consommation. Elle souhaite créer des produits avant tout gourmands, d’origine 100% naturelle et végétale et « sans rien de bizarre à l’intérieur ». Avec Adrien, son associé, elle lance Funky Veggie en 2016, une gamme de produits sains et gourmands, qui s’étend du petit déjeuner à l’apéritif, en passant par le goûter. Les recettes originales de Funky Veggie démocratisent une alimentation responsable, meilleure pour la santé et pour la planète. Elle nous raconte son aventure entrepreneuriale, vécue comme un accélérateur de développement personnel.

Créer ton entreprise… à quel moment as-tu eu le déclic ?

L’entrepreneuriat n’a jamais été un rêve pour moi. Quand j’étais petite, je voulais faire une école d’art et mes parents m’ont poussé à faire une formation généraliste, avant de me diriger vers le milieu artistique. Après avoir commencé Sciences Po, j’ai passé 2 ans en Chine dans le cadre de mes études. À Shanghai, j’avais l’impression que tout était possible, j’ai trouvé que l’énergie qui se dégageait de ce pays était incroyable. Destinée plutôt à m’orienter dans le domaine de la politique, puis de la communication et du marketing, j’ai eu dans ce pays une grosse prise de conscience sur nos modes de consommation. J’en suis revenue vegan, mais je me suis rapidement rendu compte que cela me menait dans une impasse ! Finalement, la meilleure façon d’aller dans le bon sens était d’être dans une transition plus douce qui embarquerait tout le monde vers une alimentation plus responsable et célébrant le plaisir avant tout. Je ne souhaitais pas être dans le militantisme et la conversion car je pense qu’une évolution est durable uniquement si le plaisir fait partie de l’équation. Lorsque je suis rentrée en France pour mon Master, des cours d’entrepreneuriat m’ont permis de commencer à travailler sur ce projet. Et lorsqu’il m’a fallu faire le choix de repartir une 2e année en Asie, j’ai finalement décidé de rester en France pour continuer cette belle aventure.

Participant à de nombreux Startup Weekends, j’y ai rencontré Adrien mon associé. Adrien était dans une dynamique différente de la mienne, car il approchait de la trentaine et s’ennuyait un peu dans son métier, dans le domaine de la finance et de l’audit. Voulant redonner du sens à son activité, il aidait différents entrepreneurs lors de ces évènements. Il m’a donné un coup de main sur la partie business plan et comme ça s’est très bien passé, nous avons choisi d’aller plus loin ensemble.

Quelle a été la plus grande peur que tu as dû affronter dans ton aventure entrepreneuriale ?

Des peurs, il y en a plein ! L’entrepreneuriat est comme un accélérateur de développement personnel. Vivre cette expérience permet de mettre le doigt sur les insécurités et vulnérabilités de chacun. Quand je compare avec Adrien, nos peurs sont très différentes.

Pour ma part, cela dépend des moments mais il s’agit souvent de ne pas pouvoir aller au bout, de ne pas réussir à changer les choses autant qu’on aimerait les faire évoluer. Chez Funky Veggie, nous sommes dans une logique de démocratisation. Nous travaillons avec l’univers de la grande distribution, un monde cruel et très difficile. Beaucoup de boîtes échouent et cela me fait peur car malgré le fait que je sois portée par le sens dans lequel nous allons, il y a en parallèle des montagnes à gravir. Je ressens cette peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas en faire assez, là où Adrien va davantage être anxieux à propos des chiffres et des vagues de creux. Chef d’orchestre au quotidien, il œuvre dans l’opérationnel et dans le moment présent, là où moi, je dois avoir le recul nécessaire pour réfléchir aux prochaines étapes. Parfois, il y a un petit côté FOMO (Fear of Missing Out), avec la peur de ne pas en être, ajoutée à la solitude qu’implique de fait de travailler sur le plan stratégique.

Quels sont tes projets et rêves pour demain ?

Au tout début de Funky Veggie, Adrien et moi passions nos journées entières dans un laboratoire parisien pour nous occuper de la production. Cela a été un des premiers moments difficiles pour moi, car épuisant. Toutes les étapes sont des challenges. Récemment nous avons fait une levée de fonds dont nous sommes très fiers. Je tenais à la réaliser sur Lita.co, une plateforme d’investissement citoyen où chaque particulier peut investir à partir de 100 euros et obtenir des parts, comme un fonds d’investissement le ferait. Comme Lita.co n’avait pas la légitimité historique des fonds qui sont présents depuis longtemps, il n’a pas été simple d’imposer cette décision. Toutefois, nous l’avons fait, en accord avec notre mission et nos valeurs. La levée de fonds a duré 5 mois et nous avons réalisé le record de Lita.co avec 2 millions d’euros levées et 600 investisseurs particuliers.

J’aimerais qu’à terme, Funky Veggie soit dans tous les supermarchés de France, d’Europe et d’ailleurs, et devienne la référence en termes de gourmandise « sans rien de bizarre à l’intérieur ». Démocratiser cette alimentation afin que les consommateurs sachent qu’ils vont se faire plaisir avec une composition clean et un produit plus responsable que le produit voisin. Pour y arriver, nous planifions d’être très focus en Île-de-France cette année avec l’objectif de saturer cette région, avec une vraie priorité en magasin. Amplifier notre notoriété est également un enjeu cette année, notamment grâce à une visibilité par affichage Flixbus, une présence sur des salons et des collaborations avec des chefs. Aussi, nous souhaitons faire de notre bestseller, la pâte à tartiner « Ouf ! », le produit d’acquisition numéro 1.

À 3 ans, l’objectif est de saturer la France avec quelques régions clés comme le Sud, qui est plus sensible à l’innovation et à la santé que d’autres zones. Échelonner par paliers est notre ambition. Le réservoir de magasins à travailler en France aujourd’hui est déjà énorme.


Enfin, quelle est ta plus grande fierté sur ce parcours ?

J’éprouve beaucoup de fierté à toucher des personnes qui font évoluer leurs modes de consommation grâce à nous. Nous avons plus de 100 000 followers sur Instagram, ce qui témoigne de la puissance de notre communauté, qui innove et grandit avec nous. Je me rends compte de l’impact que nous pouvons avoir sur ces personnes, et de la manière dont elles nous le rendent. C’est grâce à elles que nous avons réalisé notre levée de fonds.  

De façon plus personnelle, je suis très fière de l’image que transmet Funky Veggie, à travers une communication très décalée que j’ai créée. C’est ce qui nous a permis de fédérer autant de personnes et d’émerger face aux mastodontes du secteur.

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