Frédéric Jay est le Président de la société ECCI-DURBIANO. Il est aussi membre actif de notre association Réseau Entreprendre Isère. Il accompagne bénévolement nos Lauréats en mettant à leur service ses compétences en Gestion & Finance.
Nous vous proposons de faire sa connaissance à travers cette interview.

  • Peux-tu nous présenter, en quelques mots, ta société ECCI-DURBIANO ?

« Lorsque j’ai repris l’entreprise en 2013 après avoir passé 20 ans dans la banque, elle faisait 1 .500 000 € de chiffre d’affaires et comptait 15 collaborateurs. Fin 2019, ECCI – DURBIANO c’est 64 salariés et 7 500 000 € de chiffre d’affaires. Cette croissance est le fruit de la qualité et de la confiance que nous avons suscitée chez nos clients.

Nos domaines d’activités sont le chauffage, la climatisation, la ventilation et la plomberie. Nous travaillons aussi bien chez le particulier que pour le compte de syndics de copropriétés, d’entreprises/industries ou encore de grands comptes (promoteurs privés ou publics, bailleurs sociaux…). Dotés d’un véritable bureau d’études interne, qui nous permet d’adapter nos solutions et de conseiller nos clients, nous intervenons en installation (neuf et rénovation), en dépannage et en maintenance. Acteur local, basée à Echirolles, notre zone d’activité principale est Grenoble et sa périphérie, dans un souci de proximité avec notre clientèle et de réactivité. »

  • Qu’est-ce qui te motive au quotidien dans tes fonctions de membre accompagnateur chez Réseau Entreprendre Isère ?

« Je considère que chaque individu a un rôle à jouer dans la société (au sens de collectivité et non pas réduite à l’entreprise). Chacun se doit au bien-être commun, en proportion de ses capacités ; et nous en avons tous. Tout le monde a un savoir-faire, un savoir-être, fruits de son histoire et de son caractère, qui peuvent être utiles aux autres. L’entraide rend le monde meilleur et le fait progresser plus vite.

Ce que je décris n’a rien de politique. C’est sociologique. C’est le fondement de la vie en communauté. On peut y croire, que l’on soit profondément altruiste (on aime son voisin et on veut son bien) ou intéressé (je protège mon voisin pour qu’il me protège de son voisin).

Accessoirement, mais il ne faut pas le dénigrer, ceux qui ne croient pas en cette philosophie de vie peuvent trouver dans le REI un intérêt très personnel qui profitera à tous : je veux parler du plaisir que ressentent tous les accompagnateurs à prodiguer leurs conseils. Quoi de plus merveilleux que de se faire interroger sur un problème que l’on a su affronter et résoudre ? Inutile de se vanter. Le simple exposé de nos pensées et de notre expérience est un rappel à notre réussite. Chef d’entreprise est un métier difficile, qui s’exerce souvent seul et qui consiste à œuvrer pour le bien d’autrui, malgré les critiques. Alors tous les moyens sont bons pour se donner du courage. »

  • Quelles sont, selon toi, les qualités à avoir pour être « membre accompagnateur », au sein de Réseau Entreprendre Isère ?

« L’humilité parce qu’on n’est pas là pour parler de soi. On n’est pas là pour raconter sa vie. On n’est pas là pour se faire briller.

L’écoute parce qu’on est là pour l’autre. Il faut savoir l’entendre, pour le comprendre et le conseiller au mieux en fonction de ses propres compétences qui peuvent être techniques comme relationnelles. Apporter une solution concrète c’est bien. Ecouter et faire preuve d’empathie c’est aussi très bien.

Le partage : nous sommes tous capables de partager quelque chose, de partager nos expériences. Quand nous savons donner sans donner de leçon, je crois que l’on est au rendez-vous de ce que l’on attend de nous. Du moins je l’espère, autrement il faudra que je me fasse coacher. »

  • Toi-même, de quelle façon accompagnes-tu nos Lauréats ? Quelle est ta « recette » personnelle ?

« J’ai eu une carrière très riche dans un grand groupe bancaire : j’ai été Directeur des Crédits, Directeur du Contrôle de Gestion, Directeur de Projet puis Directeur Financier. Après quoi, j’ai été artisan tous corps d’état pendant un an, jusqu’à ce que mon corps me fasse défaut (tendinite sévère à un bras nécessitant l’arrêt d’un métier manuel). Je suis alors revenu à mes premières amours : rendre rentable une entreprise. J’en ai donc choisi une à « améliorer ».

J’ai donc des compétences en finance, en organisation et bien sûr en management, car on ne peut pas faire carrière sans gérer des hommes. Or l’Homme, selon moi, doit être au centre de nos préoccupations.

Quand des lauréats me choisissent pour les accompagner, ils viennent d’abord chercher l’ancien banquier car les enjeux financiers de l’entreprenariat sont lourds et les lauréats manquent souvent d’expérience pointues dans le domaine. Mais étonnamment, et je m’en réjouis, ils viennent également chercher l’être humain qui s’est formé, durant toute sa carrière, à manager les autres (c’est-à-dire à les accompagner vers ce qu’ils peuvent donner de meilleur).

A chaque porteur de projet ou lauréat qui me sollicite je dis : je suis là pour vous aider. Ne vous laissez pas perturber par mon franc-parler. Je serai toujours bienveillant. Je ne donne pas de leçon. Je ne partage que des expériences et des avis fruits de ma réflexion. Je peux avoir tort. Votre envie compte plus que mon avis. Je ne critique pas pour vexer. Je critique pour construire avec vous une solution pour vous. Si mon aide vous fait du bien, j’en suis content. Si vous ne suivez pas mes conseils, j’aurai quand même rempli ma mission. Mon rôle est de vous aider, pas de vous commander. N’oubliez jamais que VOUS êtes les patrons de vos entreprises et pas moi. »

 

  • REI : Quels conseils donnes-tu le plus souvent aux jeunes entrepreneurs ?

« Le pouvoir des jeunes vient de leurs rêves. L’expérience des anciens est l’expérience de  la vie. J’essaie principalement de leur apprendre l’empathie et l’intelligence émotionnelle. La compréhension des émotions et des motivations des autres et de soi-même pour que l’entreprise ne soit pas un lieu de lutte (des classes) mais un navire dans lequel tout le monde rame ensemble et à l’unisson. »

 

  • REI : Si tu devais choisir 3 mots pour décrire le Réseau Entreprendre Isère, quels seraient-ils ?

« Le partage et le service des autres découlent, me semble-t-il, de ce que j’ai dit plus haut.

L’honnêteté doit être soulignée car au REI il n’y a que des chefs d’entreprises. Il est inutile de jouer au « gros dur », de faire croire que tout va bien, qu’on n’a pas de problème, qu’on a une plus belle voiture que le voisin. Nous sommes entre égaux ; égaux dans le nombre d’étoiles aux épaulettes, égaux dans les problèmes. Cela rend les relations plus transparentes, plus vraies, plus honnêtes.

Tout cela, j’y reviens, au service de soi pour la collectivité. »

 

  • Qu’as-tu envie de dire à tes confrères chefs d’entreprises, face à la crise sanitaire et économique du Covid-19 ?

« Il est quelque part « amusant » de devoir préciser de quelle crise on parle, tant il y en a eu à travers l’histoire. Même moi, malgré mon jeune âge (51 ans), j’en ai connu plusieurs.

Je voudrais avoir un double message de rappel à l’ordre moral et d’encouragement.

Un rappel à l’ordre moral pour dire qu’il ne faut pas profiter du COVID-19 pour ne pas payer ses fournisseurs. L’argent qu’on leur doit résulte de commandes qu’ils ont honorées. Ils ont besoin d’être payés pour sauvegarder leurs emplois, comme nous les nôtres.

Un rappel à l’ordre moral pour dire que nous devons rester dignes et nous comporter humainement et respectueusement avec nos banquiers. Ce sont des commerçants comme les autres qui ne méritent pas d’être chahutés, comme on me l’a plusieurs fois raconté.

Fournisseurs et banquiers (mais ne sont-ils pas également fournisseurs) sont des partenaires. Ils étaient présents hier. Nous aurons besoin d’eux demain. Au-delà de cet « intérêt », je ne veux pas vivre dans un monde où chacun tirerait la couverture à lui sans se soucier du bien commun. Puisque « l’enfer c’est les autres » pourquoi vivre en société ?

Un mot d’encouragement pour dire que le chef d’entreprise est perpétuellement confronté à des écueils qui ne s’apparentent pas toujours à des crises nationales mais qui sont souvent des crises majeures pour l’entreprise. Des crises qui peuvent déboucher sur la faillite. Pour moi, le chef d’entreprise ne devrait pas être critiqué (comme il l’est souvent par des envieux en manque de courage) mais présenté comme un exemple. Le chef d’entreprise est celui qui prend des risques et qui ne dort pas la nuit pour faire vivre des salariés et leurs familles. Tout cela sans garantie car il n’a pas droit au chômage et qu’il peut perdre tout ce qu’il a. Bien sûr l’appât du gain peut être un moteur mais l’argent ne suffit pas. Les chefs d’entreprises sont des hommes (et des femmes, elles sont nombreuses) qui refusent de s’apitoyer sur leur sort, qui savent que la vie n’est pas juste mais qui refusent de renoncer à leurs rêves, qui se battent tous les jours pour les petites comme pour les grandes causes et qui participent activement à la construction de notre monde. Je ne parle pas d’assistés qui attendent que tout leur soit donné mais de vrais guerriers qui misent jusqu’à leur chemise et se battent jusqu’à la ligne d’arrivée. A ceux-là je veux dire : « tenez bon, ne vous laissez pas perturber par les discours moroses. Le monde a déjà connu des heures sombres (les deux guerres mondiales, la crise de 1929…). Il est dans votre ADN de chef d’entreprise de vous battre. Alors levez-vous et battez-vous pour vos entreprises, pour l’emploi, pour vos rêves. Et n’oubliez pas que le  REI est un lieu d’échange, de partage et de soutien. »

 

  • REI : Quelle est la première chose que tu feras, une fois le confinement terminé, et le virus derrière nous ?

« Je ne suis pas quelqu’un de bien, mais en tout cas j’y travaille tous les jours. Si je suis capable de me dire cela, alors je n’aurai rien à changer. »

Un grand merci à Frédéric Jay d’avoir répondu à nos questions et de donner du sens au métier que nous faisons tous les jours chez Réseau Entreprendre Isère   

 

 

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